Potiche peut-être mais certainement pas une cruche

C'est une citation qui résume parfaitement le film Potiche de François Ozon. Catherine Deneuve y campe le rôle d'une femme au foyer des années 70s, épouse d'un Fabrice Lucchini délicieusement misogyne et mère d'une Judith Godrèche, odieuse capitaliste et d'un Jérémie Renier charmant bohême. 

Entre un jogging avec bigoudis et quelques poèmes inspirés par ses journées monotones, Suzanne Pujol observe ses proches, son environnement, son époque avec le silence que sa condition (de femme) lui impose. L'accident cardiaque de son mari va l'obliger à reprendre les rênes de l'entreprise familiale. Elle y démontrera, avec le soutien de son fils, qu'elle est capable de mener une entreprise et de rassembler les gens, mais aussi et surtout qu'il est possible de sortir de la case dans laquelle on vous a mis.

Drôle, second degré, avançant une morale sans être moralisateur, François Ozon signe là une réussite. Catherine Deneuve est exceptionnelle en potiche-qui-n'en-est-pas-du-tout-une et, j'aime à le penser, venge ces femmes qui ont entendu "tout ce que je veux Maman, c'est surtout ne pas finir potiche comme toi" ou "avec ma maîtresse nous devions être discrets, il ne fallait pas alerter son mari". J'ai aimé aussi que la promo du film nous donne à voir une Catherine Deneuve plus chaleureuse et pleine d'intelligence, car c'est finalement à elle aussi qu'on avait collé le rôle de potiche lorsqu'elle a débuté. Fabrice Lucchini est presque agaçant de talent, on se délecte de chacune de ses scènes. Les autres rôles, Karine Viard, Judith Godrèche, Jérémie Rénier... servent avec élégance et justesse ces caricatures qui n'en sont peut-être pas tant que ça. 

 

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Crédit photo : AlloCiné